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Don’t look down at science

Ce post ne contient a priori pas de spoilers, mais il est quand même préférable de le lire après avoir vu le film Don’t look up.

Il démarre avec la menace d’un astéroïde, mais contrairement à des épisodes précédents tournés vers l’action, ce n’est qu’un prétexte pour mettre en scène un problème bien terrestre.

Il s’agit d’une métaphore de l’ignorance crasse des périls liés au réchauffement du climat. Le scénario rend aussi un hommage aux scientifiques que s’époumonent à nous alerter sur les risques que nous encourrons en raison de l’augmentation de la température sur la planète. Il résulte de l’émission des gaz à effet de serre dont nous connaissons tous l’origine et les responsables (dont nous faisons tous partie à divers degrés).

Cet état de fait est de plus en plus visible, et pourtant, il reste occulté par d’autres considérations plus importantes.

La question sous-jacente est pourquoi préférons-nous l’aveuglement à la réalité tant qu’il est encore possible de l’altérer.

La version des scénaristes pointe dans de multiples directions.

Tout d’abord, dans celles des journalistes qui priorisent les sujets légers, et ne veulent surtout pas perdre d’audience s’ils abordent des problématiques complexes et anxiogènes. Ils craignent de casser le mythe du « it’s gonna be all right », pourtant tellement horripilant et si infantilisant.

Le second groupe visé est celui des lobbyistes qui exercent une pression sur le pouvoir exécutif, en l’occurrence une présidente américaine who also wants to make America great again. Les sociétés dont ils défendent les intérêts s’enrichissent non seulement des activités néfastes pour la planète, mais aussi des catastrophes elles-mêmes, ce qui leur donne des privilèges.

Les célébrités sont égratignées au passage dans le sens où elles s’investissent pour des causes humanitaires, mais leur motivation profonde reste incertaine. Elles ne sont que le reflet public et glamour de nous-mêmes. Nous nous donnons bonne conscience en prenant part à des œuvres de charité, en espérant que cela règlera un temps le problème.

La population est, elle, perdue. Elle balance entre espoir, apathie et résignation, en mal de guides et de certitudes.

Je suis d’ailleurs soufflé par le succès d’un film censé nous placer face à nos contradictions profondes. J’espère qu’il ne s’agit pas d’une espèce de thérapie de groupe ou un exorcisme collectif.

La limite atteinte dans l’analogie entre un astéroïde et le réchauffement climatique vient du fait que le premier est un péril exogène alors que le second est 100 % man made.

Dit autrement, on ne peut rien faire contre l’un, mais on devrait faire quelque chose pour l’autre.

Dans le roman d’anticipation Les Noviens qui va paraître sous peu, la narratrice rappelle que ce n’est pas faute d’être prévenu.

« Même si l’intention s’avérait avant tout métaphorique, un groupe de savants émettent un bulletin annuel depuis les années 1940. Ils y donnent l’heure de l’horloge avant la fin du monde fixée symboliquement à minuit. La source de la démarche des auteurs originaux, les Scientifiques Atomiques, remonte à l’époque de la réalisation que la maîtrise de l’atome pour développer des armes de plus en plus destructrices pourrait conduire à notre perte définitive.

70 ans plus tard, au lieu de se réduire, le spectre des menaces prises en compte englobait désormais le changement climatique, ainsi que les dangers d’origine biologique. Des facteurs aggravants, tels que l’explosion de la désinformation et le dénigrement de la science, affaiblissaient pernicieusement les démocraties et la crédibilité des scientifiques.

En 2021, l’horloge affichait 23 h 58 min 20 s, soit 100 secondes avant l’apocalypse. Au lieu de chercher les moyens de retarder cette échéance, un des objectifs poursuivis par ses créateurs, l’appel restait ignoré. Le désir d’éviter la fin du monde n’était pas aussi primordial que d’acheter le dernier gadget à la mode et de ne l’utiliser qu’à 10 % de ses capacités. »

L’héroïne du livre s’interroge ainsi sur la contradiction entre l’admiration pour la science dans certains cas, et sa contestation d’en d’autres. Elle se fait une remarque à ce sujet.

« Les défis ont évolué dès le moment où la recherche scientifique a commencé à s’intéresser de près aux problèmes liés à l’activité humaine, et non plus seulement aux prodiges de la nature.

Le respect qu’elle engendrait s’est grandement affaibli quand des moyens financiers colossaux alimentèrent le scepticisme et contribuèrent au dénigrement de la science, pour en atténuer la portée, ou pour la décrédibiliser. Elle était attaquée avec véhémence si elle battait en brèche les dogmes établis sur lesquels reposait un système, souvent séculaire, dont beaucoup dépendaient pour asseoir leur propre influence et leur autorité. Autrement dit, elle était discréditée si elle menaçait des intérêts économiques et pécuniaires… ».

Une telle attitude n’est bien évidemment pas sans conséquences et il y a de nombreuses versions de nos futurs possibles, trop généralement sombres.

Fréquemment, la morale de l’histoire est que nous aurions dû écouter les scientifiques. Mais comme ils sont aussi parvenus à trouver la solution qui a sauvé l’humanité à la dernière minute, on évite de s’appesantir sur le sujet et on passe à autre chose.

Jusqu’à quand ?


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